28 mai 2020
Vient de paraître
Dans la revue Instinct nomade fondée et dirigée par Bernard Deson, (éditions Germes de barbarie) dont le cinquième numéro qui vient de sortir en ce printemps 2020 est consacré à Fernando Pessoa, on peut lire mon carnet de lecture et de voyage intitulé « Lisbonne, Pessoa et ses ombres » mais aussi ma chronique habituelle avec un texte sur le thème « Poésie et spiritualité » , mon point de vue sur l'affaire Matzneff et quelques considérations sur l'accord entre alcool et cigare.
22:51 Publié dans Mes collaborations presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue instinct nomade, fernando pessoa, éditions germes de barbarie, bernard deson, christian cottet-emard, poésie, littérature, essai, presse littéraire, lisbonne, portugal, blog littéraire de christian cottet-emard, josé correa, pessoa, ombres, mes collaborations presse, funiculaire, elevador da bica, bairro alto, cais do sodré, azulejos, rua da buca de duarte belo, lisbonne pessoa et ses ombres, promenade littéraire, évocation, voyage, carnet de voyage, carnet de lecture, photographie, luis vaz de camões, antonio tabucchi, josé maria de eça de queirós, fernão lopes, pedro nunes, gomes eanes de azurara, joão de barros, fernão lopes de cantanhede, vasco mousinho de quevedo, jerônimo corte-real, francisco sá de menezes, alcool, cigare, poésie et spiritualité, affaire matzneff, opinion, commentaire
26 mai 2020
Carnet / Moche, vulgaire, sans intérêt et puante.
Cette pénible affaire de pandémie a donné du grain à moudre à un certain nombre de sociologues philosophes ou, comme on voudra, de philosophes sociologues médiatisés qui se plaisent visiblement à disserter sur le rapport négatif que l’individu occidental entretient avec la mort.
Pour résumer très grossièrement, ces beaux esprits nous expliquent que la mort fait partie de la vie et que nous avons donc tort, dans notre obsession de la mettre à distance, d’essayer sans succès de l’éloigner de nos pensées en mobilisant toutes les stratégies possibles de divertissement au sens pascalien du terme.
Pour étayer leur discours, ces penseurs pigistes et autres animateurs de café philo vont volontiers butiner dans d’autres cultures, celles qui ont une approche de la mort différente voire opposée à la nôtre. À nous, pauvres occidentaux matérialistes, de nous en inspirer pour nous guérir de notre allergie à la faucheuse et de renouer ainsi avec une sagesse que nous aurions perdue ou dont nous serions même carrément dépourvus !
Écouter ces vulgarisateurs dont certains sont encore relativement jeunes et en bonne santé discourir ainsi sur la mort avec tant de belle sérénité peut faire sourire ou agacer mais après tout, leurs livres ne manqueront pas d’enchanter les clients du rayon développement personnel des magasins Nature et découverte. Je suis beaucoup plus chagriné de trouver ce discours chez Jean Giono. Dans un entretien assez connu, il déclare :
« J'ai vu mourir des quantités de gens qui sont morts de mort naturelle. C'est-à-dire qui sont morts à un moment où la vie s'est arrêtée chez eux, ils ne sont pas morts de maladie, ils sont morts de vieillesse. C'était des morts logiques, c'était des morts normales, j'aimais beaucoup cette façon de mourir. »
Dieu sait que j’aime Giono, notamment le Giono de Refus d’obéissance et des Écrits pacifistes, mais là, il m’énerve, certes moins que nos petits penseurs à la mode mais tout de même !
Il m’énerve parce que je n’arrive pas à concevoir qu’il puisse exister une mort normale. C’est dans ma culture et dans ma nature, pour moi la mort est scandaleuse, quel que soit l’âge auquel elle frappe. Oui, elle fait hélas partie de la vie, ce qui amène certains, assez nombreux, à la considérer comme utile. Certes, la vie se nourrit-elle de la mort mais si je suis bien forcé de l’admettre, je ne suis pas obligé de trouver cela normal. Personnellement, je me fiche d’être utile à la vie comme à la mort. Utile au cycle du carbone, ça vous intéresse ? Moi pas.
La mort est commune, la vie extraordinaire, ce qui explique le mépris que m’inspirent les activités (souvent des loisirs) de ceux qui prétendent défier la mort alors qu’ils n’y sont pas contraints. Quand ils finissent par la trouver à force de s’exposer à elle par ce qui m’apparaît comme de la pure perversité, j’ai du mal à compatir.
Pour en revenir à nos philosophes allégés si prisés des médias et des réseaux sociaux, je pense qu’en dehors de la compréhensible curiosité intellectuelle, il ne sert à rien d’aller chercher des consolations aux chagrins dont cette saloperie qu’est la mort nous accable dans des systèmes philosophiques ou religieux qui ne sont pas les nôtres en Occident. Non pas que ces cultures et ces systèmes soient méprisables. Ils ne sont simplement pas adaptés à notre façon d’être au monde.
Comme il en est dans toutes les autres cultures, nous avons dans la nôtre la trousse d’urgence nécessaire pour essayer de survivre avec l’idée de notre fin. Nos rites funéraires ne sont pas pires que les autres et ni plus ni moins ridicules, sauf lorsque chacun se met à bricoler ses propres rituels, notamment lors des obsèques civiles que je trouve particulièrement sinistres (ce n’est que mon avis personnel).
Lorsque j’assiste à des obsèques à l’église, je vois encore de la vie dans notre manière d’accompagner quelques instants le défunt. Je vois encore de la vie dans l’encens qui s’élève, encore de la vie dans les chants, encore de la vie au son de l’orgue, encore de la vie autour de la flamme des cierges, encore de la vie dans les larmes, encore de la vie dans la colère qui peut se mêler au chagrin, encore de la vie dans les dernières paroles que nous dédions au défunt pour envelopper son âme comme il en fut pour son corps.
Lorsque viendra mon heure, dans la mesure du possible, épargnez-moi la désolation des obsèques civiles. Évitez-moi aussi les fantaisies : ne m’installez pas en position fœtale dans une capsule de terreau pour qu’un arbre se nourrisse de ma dépouille et croisse au milieu des autres en une forêt absurde. Ne me transformez pas en engrais pour jardin public. Ne vitrifiez pas mes restes pour en faire un presse-papier. D’ailleurs, si cela n’est pas devenu obligatoire, ne me brûlez pas. La seule fumée que je souhaite en ces moments est celle de l’encens. Enfin, n’oubliez pas la croix sur le cercueil !
Ce n’est pas que je sois un bon croyant, plutôt une manière ultime, post-mortem bien sûr, de répéter que la mort est moche, vulgaire, sans intérêt et qu’en plus, elle pue.
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23 mai 2020
Lisbonne, Pessoa et ses ombres
Un très court extrait (le début) de mon carnet de lecture et de voyage Lisbonne, Pessoa et ses ombres. Ce texte (pages 19 à 27) est ma contribution au cinquième numéro de la revue Instinct nomade qui vient de paraître et qui est consacré à Fernando Pessoa.
J’ai longtemps vécu sans l’idée de découvrir Lisbonne. Trop loin et presque trop exotique pour moi comme voyage ! Et puis j’ai lu Pessoa, fantôme de Lisbonne déjà de son vivant. Je voulais guetter ce spectre de papier, marcher derrière son ombre ou plutôt ses ombres frôlant désormais tous les murs de la capitale portugaise, attraper le tram de la ligne 28 comme tous les touristes et enfin, par nécessité dirais-je, chercher où souffle encore l’esprit de l’Occident en ces temps angoissants où l’on veut lui faire la guerre pour ce qu’il a de plus beau et de plus noble. Et si le réveil de l’Occident aliéné pouvait encore venir du Portugal, ce pays pourtant devenu le confetti de son propre empire où une ligne directe relie l’immense et malchanceux Luis Vaz de Camões à l’insaisissable Fernando António Nogueira Pessoa, les deux héros posthumes du panthéon littéraire portugais dont les gloires tardives croisent désormais toutes voiles dehors telles deux caravelles sur l’océan du temps ?
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